Les efforts se poursuivent fébrilement depuis des jours, en mer comme à terre, pour lutter contre la marée noire dans le golfe du Mexique. Mais une grande partie des dégâts échappe sans doute encore à la vue. Ce n'est que tout récemment que des scientifiques de plusieurs universités, travaillant à bord d'un navire de recherches, le Pelican, qui avait quitté Cocodrie, en Louisiane, le 3 mai, ont découvert la présence d'énormes nappes de pétrole à grande profondeur. Ce qui laisse supposer que la quantité de pétrole s'échappant du puits pourrait être bien pire que les précédentes estimations, selon le New York Times. Les nappes, d'une épaisseur d'une centaine de mètres, font 16 km de long et 5 km de large, précise le quotidien.
"Il y a une quantité abominable de pétrole dans les profondeurs en comparaison avec ce vous voyez à la surface. Il y a une énorme quantité de pétrole sur plusieurs couches, qui s'étagent sur trois, quatre ou cinq niveaux", indique le New York Times, citant une chercheuse de l'université de Géorgie, Samantha Joye. Et ces nappes sont en train priver le golfe du Mexique d'oxygène avec pour risque de tuer la majorité de la faune marine dans la zone, indique le journal. Selon la chercheuse, la quantité d'oxygène aurait déjà baissé de 30% près de ces nappes. Si cela continue, a-t-elle poursuivi, "vous pourriez avoir de l'oxygène à un niveau très bas qui mettra en danger la vie des animaux dans les deux mois. C'est alarmant".
Une série de grandes taches de pétrole
Pendant ce temps, en surface, la marée noire s'étend toujours un peu plus dans le golfe du Mexique. Et il devient de plus en plus difficile de lutter contre elle, alors que la source de la nappe est toujours ouverte en grand. Comme le montrent les vues aériennes, l'or noir qui menace les côtes américaines n'a pas coagulé en un vaste ensemble. Il forme une série de taches séparées qui évoluent entre le chapelet des plateformes pétrolières du golfe. De différentes tailles, ces bandes assez droites sont parfois difficiles à distinguer des flots qui les charrient, compliquant le travail des quelque 13.000 personnes déployées par les autorités américaines dans les Etats de Louisiane, du Mississippi, de l'Alabama et de Floride. Il faut aller à 80 kilomètres au sud de la Louisiane, à la verticale du puits d'où s'échappent chaque jour des milliers de litre de brut, pour trouver de grosses taches noires foncées, elles aussi séparées les unes des autres.
Toutes ces observations laissent présager une possible révision spectaculaire de l'importance de la fuite par les experts qui tentent de l'évaluer. Selon la radio publique NPR, trois d'entre eux, utilisant des techniques différentes, ont estimé qu'elle était 14 fois plus importante que l'estimation officielle de 800.000 litres par jour. La marée noire serait donc déjà la pire catastrophe écologique de l'histoire des Etats-Unis, devant celle de l'Exxon Valdez en Alaska en 1989.
BP a contesté ces analyses, affirmant qu'il n'existait pas de méthode fiable pour calculer le flux d'hydrocarbures. Mais le directeur d'exploitation du groupe a par ailleurs reconnu que l'écoulement ne pourrait sans doute pas être maîtrisé avant plusieurs jours encore, alors que BP tente depuis trois semaines déjà d'empêcher le brut de se répandre, essayant notamment sans succès de poser un "couvercle" sur la fuite. Depuis le début de la crise, du dispersant a aussi été utilisé en profondeur à la source de la fuite pour limiter l'impact de la marée noire. Vendredi, des experts mandatés par les autorités américaines ont donné leur feu vert à cette pratique qui inquiète les écologistes. De son côté, Barack Obama a remarqué "qu'il y a eu des informations différentes ces derniers jours sur l'importance de la fuite", mais a souligné que "ce qui est vraiment important, c'est qu'il y a du pétrole qui fuit, et il faut le stopper, le stopper le plus vite possible".
tf1news
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