Depuis les premiers jours de la catastrophe, le  souvenir de Tchernobyl a plané sur les événements de Fukushima. Surtout  lorsque des rejets radioactifs dans l'atmosphère ont été entraînés par les vents  au large du Japon. Des rejets qui se sont déplacés très loin, jusqu'en Europe...  jusqu'en France. Avec quelles conséquences ? Négligeables, au vu de la  dispersion des éléments radioactifs, transportés dans l'air depuis l'autre bout  de la Terre, affirment les experts. Ce n'est pourtant pas tout à fait l'avis de  la Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la  radioactivité), groupe hostile au nucléaire civil et qui avance ses propres  résultats. 
La Criirad a donc demandé mercredi au gouvernement d'enquêter  sur l'évaluation des conséquences en France de l'accident nucléaire japonais du  11 mars. Dans un courrier adressé à François Fillon et au président de  l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), la Criirad dénonce  de "graves dysfonctionnements" dans l'analyse officielle et demande au  gouvernement des précisions sur "l'enchaînement des faits et des  décisions". Selon un communiqué de l'association, "la France a été  contaminée dès le 22 mars", soit "deux jours avant la date  indiquée" par l'IRSN. Les masses d'air contaminées "ont affecté les  trois quarts de la France", et non pas "le seul sommet du  Puy-de-Dôme", souligne aussi la Criirad. Par ailleurs, "l'activité de  l'iode 131 particulaire était plus de 20 fois supérieure à celle annoncée pour  le 24 mars", ajoute-t-elle. 
Inquiétudes sur la radioactivité au large de  Fukushima
L'ISRN avait estimé que l'arrivée d'une "masse d'air  faiblement contaminée" avait "probablement" eu lieu au cours de la  journée du 24 mars, en se basant sur des mesures effectuées par sa station  installée au sommet du Puy-de-Dôme. La Criirad, pour contester cette analyse,  s'appuie sur une cartographie qu'elle a réalisée à partir des "chiffres de  l'IRSN et de certains exploitants". Les constats de la Criirad concernent  "en tout premier lieu" le travail de l'IRSN "mais il est possible  que la responsabilité des grands exploitants du nucléaire (...) soit également  engagée", ajoute l'association en citant EDF, Areva et le Commissariat à  l'énergie atomique. 
Au Japon aussi, la polémique Fukushima est loin d'être close. L'organisation écologiste  Greenpeace a annoncé jeudi que les tests qu'elle a effectués sur des produits de  la mer au large de la centrale nucléaire accidentée avaient révélé des taux de  radioactivité au-dessus de la limite légale. Le groupe antinucléaire, qui a fait  des relevés à l'extérieur de la zone des 12 milles nautiques correspondant aux  eaux territoriales nippones, a critiqué les autorités japonaises pour leur  "réponse inadéquate à la crise nucléaire de Fukushima". 
Greenpeace affirme avoir détecté des niveaux de radioactivité  nettement supérieurs à la norme légale dans des algues, ce qui, selon elle,  "suscite des inquiétudes graves sur les risques à long terme que représente  l'eau de mer contaminée pour la population et l'environnement". Greenpeace  ajoute que ses tests, vérifiés de manière indépendante par des laboratoires  français et belges, ont également décelé des quantités anormales d'iode  radioactif et de césium 137 dans plusieurs espèces de poissons et de  coquillages. "Nos résultats montrent que des volumes importants de  contamination continuent de se répandre à une grande distance de la centrale  nucléaire de Fukushima", a mis en garde Jan  Vande Putte, expert de Greenpeace, lors d'une conférence de presse à Tokyo. Les  autorités japonaises soulignent pour leur part que les courants et les marées  devraient rapidement diluer la radioactivité dans l'océan. "Nous avons  restreint la pêche de nous-mêmes en attendant que des tests soient  effectués", a déclaré un responsable de la préfecture de Fukushima. "Nous prendrons une décision après avoir  analysé les résultats des relevés, qui devraient intervenir rapidement."  
 
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