lundi 30 janvier 2012

Les énergies renouvelables éclipsées par la crise économique dans l'esprit des Français

Le taux d'équipement reste faible chez les particuliers, même si les Français sont de plus en plus sensibles à la hausse du prix de l'énergie...
Les énergies renouvelables ont mangé leur pain blanc: après une période d’engouement qui s’est soldée par un freinage d’urgence du gouvernement, avec le moratoire sur le photovoltaïque, l’équipement des particuliers en panneaux ou chauffe-eau solaires a ralenti. Malgré une actualité chargée dans le domaine de l’énergie, notamment avec le débat sur le nucléaire qui a suivi la catastrophe de Fukushima et la hausse du prix du gaz, les Français ne jugent pas la rentabilité des renouvelables suffisante pour investir, d’après les résultats de l’enquête annuelle de l’Ifop sur les Français et les énergies renouvelables, présentée ce jeudi par Qualit’EnR.

Les énergies renouvelables, un «luxe»?

Premier enseignement du sondage, réalisé du 10 au 12 janvier 2012 sur un échantillon de 1.052 personnes, le coût de l’énergie est le principal souci des Français. Si un quart des personnes interrogées déclare s’intéresser plus que l’an dernier aux renouvelables, pour 93% d’entre elles c’est le prix du gaz et de l’électricité qui les a poussées à jeter un œil sur l’énergie renouvelable. A côté de ça, le débat sur le nucléaire et les aides gouvernementales (crédit d’impôt, éco-prêt, etc) ont influencé moins de Français.
Un phénomène que Frédéric Micheau, directeur des études à l’Ifop, explique par une focalisation de l’opinion publique sur la crise économique: «En 2007, les thématiques environnementales étaient sur le devant de la scène, commente-t-il. Depuis l’éclatement de la crise économique, ces préoccupations ont été reléguées au second plan et les Français ne voient pas les énergies renouvelables comme un levier de croissance mais plutôt comme un fardeau ou un luxe qu’on ne peut se permettre qu’en période de prospérité.»
Qu’ils soient équipés ou non en énergies renouvelables pour leur habitation principale, les Français sont près de 90% à avoir le sentiment que leur facture d’énergie est élevée (et même très élevée pour 32% d’entre eux). Ils sont d’ailleurs largement pessimistes pour l’avenir, estimant à plus de 80% que la facture va encore s’alourdir dans les prochaines années.

Le bois, une valeur sûre

Dans ce contexte pour le moins morose, les Français affichent malgré tout une confiance élevée dans les énergies renouvelables. «Deux énergies inspirent particulièrement confiance: l’insert bois et les poêles à bois, détaille Frédéric Micheau. Ce sont des équipements faciles à installer et à s’approprier, pas trop chers et traditionnels.» Retour aux valeurs sûres en période de crise, le bois s’affiche donc comme l’énergie renouvelable favorite des Français.
Mais la confiance ne fait pas tout: seulement 16% des personnes interrogées ont équipé leur maison avec un insert bois et 11% d’un poêle à bois. Si les intentions d’installation sont en hausse par rapport à l’an dernier, plus de 80% des Français n’ont aucun projet d’équipement en panneaux photovoltaïques, chauffe-eau solaire ou chaudière à bois… Les principaux freins évoqués: ne pas être propriétaire de son logement pour 38% des personnes interrogées et le prix d’achat pour 32%. Le manque de rentabilité de l’investissement n’est évoqué que par 14% des Français, essentiellement les plus de 65 ans et les cadres. La baisse des aides et subventions n’est que peu évoquée, peut-être par manque de connaissance des aides existantes ou ayant existé, ou bien parce qu’elle est prise indirectement en compte dans le calcul de la rentabilité ou du coût d’achat.

«La croissance verte n’a aucun réalité pour les Français»

«Pourtant, c’est le moment d’investir, réagit André Joffre, président de Qualit’EnR. Les prix ont baissé dans le photovoltaïque, les systèmes sont innovants et les installateurs de plus en plus rapides.» Un appel qui risque de ne pas être entendu par les Français, angoissés par la crise économique et peu enclins à faire des investissements lourds (compter environ 12.000 euros pour une installation solaire de 3Kw): «La connexion entre économie et environnement ne se fait pas, conclut Frédéric Micheau. La croissance verte n’a aucun réalité pour les Français, c’est soit l’un, soit l’autre.» Les énergies renouvelables risquent de devoir attendre que l’économie revienne au beau fixe avant de se faire une place dans le quotidien des Français
http://www.20minutes.fr/article/867676/energies-renouvelables-eclipsees-crise-economique-esprit-francais

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