La société Shell a déposé, fin mars 2012, auprès de la Préfecture de la Guyane, un dossier de déclaration d’ouverture de travaux de forage et d’étude sismique en mer à 130 km des côtes et sur une zone d’environ 5.300 km2. Actionnaire majoritaire d’un consortium pétrolier avec Total (Tullow Oil et Northern Petroleum), Shell souhaite réaliser quatre forages d’exploration ultra-profonds, deux en 2012 et deux en 2013. La société entend aussi mener une campagne de recherche d’hydrocarbures par ondes sismiques en 2012.
Ces recherches permettront l’acquisition de données acoustiques grâce à des canons à basses fréquences. Lorsque ces basses fréquences atteignent le substrat géologique, un écho remonte en surface et permet ensuite d’établir une carte en 3D de la géologie sous-marine. Les compagnies pétrolières savent ainsi où forer pour optimiser leurs chances de découvrir du pétrole.
Impacts sur la faune marine
Seul problème des recherches sismiques, «pour des raisons de hauteur d’eau et de pénétration suffisante des ondes dans les formations géologiques, l’intensité des ondes est très élevée», concède Shell dans son étude d’impact. Elle estime cependant que les ondes sismiques n’auront qu’au mieux un impact moyen à fort sur les cétacés. Les poissons, les tortues marines et les oiseaux ne devraient en souffrir que modérément.Christian Roudgé, coordinateur de la Fédération Guyane Nature Environnement qui, sur ce dossier, travaille en lien étroit avec Greenpeace France et la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), n’est pas du même avis. Selon lui, «les impacts sur la faune aquatique (notamment cétacés et poissons, ndlr) sont mal connus. A proximité directe des canons on sait ce qui se passe. Plus loin, non.»
Idem pour ce qui est des forages exploratoires, l’étude de Shell estime que les impacts sur les poissons, les tortues, les cétacés et les oiseaux seront faibles à moyens voire négligeables.
Mobilisation des défenseurs de l’environnement
Des mesures d’atténuation ont été proposées par Shell pour protéger la faune marine: présence d’observateurs de la faune marine à bord des navires, mise en place d’une surveillance acoustique passive, pas de source lumineuse intense dirigée vers l’eau, période d’intervention qui n’interfère pas avec les cycles biologiques des espèces aquatiques. Mais cela n’empêche pas les anti-pétrole de s’organiser dans le département.Un «Collectif Or bleu contre Or noir» s’est créé le 3 mai dernier. Il regroupe plus de 300 personnes opposées au projet de Shell en Guyane, sur les quelques 200 000 habitants que compte la Guyane française. Les revendications de ce collectif ne concernent pas uniquement la faune marine. «Les forages se situent dans une zone de très forts courants marins, mal connus, qui rendent particulièrement périlleuses toute exploitation» et «en cas de marée noire, les industriels admettent qu’il serait impossible de nettoyer la mangrove du plateau des Guyanes, un écosystème primordial pour notre région» précise le collectif sur son site internet (http://or-bleu-contre-or-noir.org/)
Le bras de fer entre écologistes et sociétés pétrolières sera arbitré le 15 mai par le Préfet de Guyane. Le poids de 300 citoyens face au lobby des multinationales du consortium sera t-il suffisant?
De l’or noir en Guyane: vers un futur désastre écologique?
http://www.20minutes.fr/article/933885/nouveaux-forages-petroliers-guyane-francaise
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