Shell a été contraint de repousser à 2013 ses forages en Alaska, perçus comme hautement risqués par les écologistes, après un problème sur un navire, un nouveau revers pour le géant pétrolier qui a investi des milliards de dollars pour développer les ressources de cette région américaine.
L'Artic Challenger, navire du groupe doté d'un système censé éviter tout risque de marée noire lors des forages, a été "endommagé" au niveau du "dôme d'endiguement" lors d'un "test final" d'homologation, a indiqué le groupe anglo-néerlandais lundi dans un communiqué.
"Plusieurs jours" seront nécessaires afin de réparer ce système crucial pour permettre à Shell d'obtenir les autorisations définitives, et le groupe a donc décidé de "renoncer à forer dans les zones d'hydrocarbures cette année" afin de "poser des bases solides pour les opérations en 2013", a annoncé Shell.
Le groupe devait à l'origine commencer à forer en 2010 mais avait déjà vu son programme gelé après la terrible marée noire de 2010 dans le golfe du Mexique, causée par l'explosion de la plate-forme du britannique BP, Deepwater Horizon.
Après cette annonce, Shell cédait lundi 0,49% à 2.250 pence à la Bourse de Londres, dans un marché en baisse de 0,22%.
"Déçu" que le système d'endiguement de fuites de pétrole ne soit pas immédiatement opérationnel, Shell assure toutefois que la sécurité passe avant tout, dans un contexte de haute surveillance aux Etats-Unis depuis la marée noire de 2010.
"Nous ne conduirons aucune opération" avant d'être "pleinement préparés à le faire dans la sécurité", a affirmé le groupe.
Avant la fin de la saison d'exploration qui pourrait intervenir fin septembre, lorsque la glace empêchera toute opération, Shell va toutefois commencer le forage du plus grand nombre possible de têtes de puits, qui seront ensuite refermées avant la reprise des opérations l'année prochaine.
Il devrait démarrer par ailleurs des forages uniquement "exploratoires" dans la mer de Beaufort.
L'annonce du report des forages intervient alors que le groupe avait suscité des inquiétudes en juillet lorsque son navire Noble Discoverer s'était dangereusement rapproché de la côte en Alaska, manquant de peu de s'échouer, après avoir rompu ses amarres.
La semaine dernière, par "mesure de précaution", ce navire avait dû interrompre un forage à peine entamé, afin d'éviter un éventuel choc avec la banquise.
Shell avait participé au développement de l'extraction pétrolière en Alaska dès les années 1950. Il s'était retiré de la région à partir de 1997 avant d'y faire son grand retour ces dernières années en investissant des milliards de dollars dans des permis d'exploration couvrant de vastes zones sous-marines en mer de Beaufort (au nord de l'Alaska) et en mer des Tchouktches, au nord du détroit de Béring.
Au grand dam des défenseurs de l'environnement qui jugent les forages très risqués au large de cette région qui a déjà été le lieu d'une des plus grosses marées noires de l'histoire, lorsque le pétrolier américain Exxon Valdez s'est échoué en 1989, déversant quelque 40 millions de litres de pétrole dans la mer et polluant 1.300 kilomètres de côtes.
Shell "a dépensé la majeure partie de son programme de 5 milliards de dollars pour l'Arctique mais nous pouvons maintenant voir à quel point cela était un pari monumental irréfléchi", a dénoncé Ben Ayliffe de Greenpeace, appelant les investisseurs à se demander "s'il vaut vraiment la peine d'investir des sommes d'argent aussi énormes pour tenter d'exploiter le fragile Océan Arctique".
Le groupe juge lui que son programme d'exploration "reste très important pour les besoins en énergie de l'Amérique, pour l'économie et l'emploi en Alaska et pour Shell".
http://www.20minutes.fr/economie/1004969-revers-geant-petrolier-shell-contraint-repousser-forages-alaska
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