vendredi 28 septembre 2012

La France veut accélérer le développement des bornes pour voitures électriques

L'installation de bornes de recharge pour véhicules électriques en libre accès a pris du retard en France, même si le marché commence à décoller, selon des industriels et des experts interrogés par l'AFP.
Selon des sources concordantes, de nouvelles mesures de soutien doivent être annoncées début octobre lors du Mondial de l'Automobile. Parmi les pistes: rendre gratuits des stationnements et certains péages pour les véhicules électriques, mais aussi faciliter les financements publics des bornes.
Dans son plan de soutien à l'automobile très centré sur le véhicule électrique, le gouvernement a nommé en juillet un "coordonnateur de l'installation du réseau de bornes de charge", Philippe Hirtzman, chargé "de donner un petit coup d'accélérateur", selon ses termes.
"Il faut sortir un peu du cercle vicieux +pas de voitures électriques, pas de bornes+ et +pas de bornes, pas de voitures électriques+", a résumé cet ingénieur des Mines de 63 ans lors d'une récente rencontre avec des professionnels.
En 2009, dans la foulée du Grenelle de l'Environnement, le gouvernement de l'époque avait fixé un objectif de 4 millions de bornes (dont 400.000 en service public) en 2020, pour 2 millions de véhicules rechargeables.
"Honnêtement, il est raisonnable de dire qu'il va être difficile à atteindre", concède M. Hirtzman. "Raison de plus pour s'y mettre et se retrousser les manches. Mais cela ne va pas être l'explosion mirifique pour tout le monde tel qu'annoncé dans certaines enceintes il y a quatre ans", dit-il.
Une filière solide
Contrairement à d'autres secteurs des technologies propres, la France a déjà une filière solide en matière de bornes.
Outre les géants français du matériel électrique Schneider et Legrand, on compte des PME historiques, comme le leader DBT à Douai (Nord), mais aussi l'alsacien Hager ou Saintronic à Saintes (Charente-Maritime), qui a partagé le contrat Autolib à Paris avec IER (groupe Bolloré).
"Il y a des bornes qui apparaissent. Il y en a eu pratiquement le double au premier semestre 2012 par rapport à 2011", souligne Michel Couture, le patron de Sodetrel, la filiale d'installation de bornes d'EDF.
"Mais c'est le tout début. Les premières affaires dignes de ce nom ont eu lieu cette année. Pour l'instant c'est plus des investissements que du chiffre d'affaires", souligne-t-il.
Les experts interrogés par l'AFP s'accordent sur une fourchette basse de 2.000 à 2.500 bornes en accès public en France (hors autopartage type Autolib).
Même sans objectif fixé année par année, "on peut considérer que l'on est à peu près à moitié moins que ce qui était prévu", reconnaît Jean-Louis Legrand, "Monsieur véhicule décarboné" au ministère de l'Ecologie.
Et tous les torts ne viennent pas de la sphère publique: "on a pris du retard, environ deux ans", reconnaît un industriel sous couvert de l'anonymat, évoquant un "tâtonnement technologique". "On a réalisé que la filière n'était pas en place, que les gens ne se parlaient pas forcément. Mais aujourd'hui, on sent un frémissement", selon lui.
Quant à savoir s'il faut d'abord multiplier les bornes publiques --comme le demandent Renault ou PSA-- ou attendre l'essor des voitures électriques en France, les avis divergent.
"Je prêche un peu pour ma chapelle, mais il n'y aura pas de voitures sans bornes", croit savoir le patron de DBT, Hervé Borgoltz. "Pour l'instant, c'est du saupoudrage", dénonce-t-il.
Autre point de vue du côté de M. Couture, au sein d'EDF: "Les bornes sur la voie publique il en faut. Le public a surtout besoin qu'elles soient visibles. Mais en fait elles sont très peu utilisées, pour moins de 5% des recharges. Donc pas de surinvestissement, il faut y aller avec parcimonie".
Beaucoup comme Schneider reconnaissent ainsi que la priorité est donnée aux entreprises et aux collectivités, avant le grand public.

http://www.20minutes.fr/economie/1009355-france-veut-accelerer-developpement-bornes-voitures-electriques

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