mardi 22 mars 2011

Catastrophe de Fukushima : les réponses à vos questions

Nuage ou panache ?Dans le cas présent, on ne parle pas de nuage radioactif, comme pour Tchernobyl, mais de panache. Le panache est constitué par l'air contenant les particules et les gaz radioactifs qui sortent de la centrale de Fukushima. Lorsque la dilution s'est faite dans l'atmosphère, on ne parle plus de panache mais de couches d'air où des traces de particules peuvent être détectées.

On parle de nuage pour un phénomène météorologique normal lorsque une grande quantité de gouttelettes d'eau (ou de cristaux de glace) est en suspension dans l'atmosphère. Lorsque le panache est emporté dans de telles conditions, les gouttelettes se chargent de particules radioactives et peuvent tomber en pluie sur les territoires survolés. D'où le nom de "nuage radioactif".

Le panache contient des particules radioactives issues des rejets : des gaz rares (xénon, krypton...) et des particules en suspension dans l'air : iode, césium, strontium. Pour ce qui est du devenir de ces particules, elles vont continuer à se disperser. Certaines retomberont au sol, mais cela n'augmentera pas les valeurs de la radioactivité naturelle. Pour avoir un ordre d'idée, 25 ans après la catastrophe de Tchernobyl, avec des rejets 1000 à 10000 fois plus importants que ceux de la centrale de Fukushima, aujourd'hui une très faible activité de césium 137 subsiste dans l'air, de l'ordre de 0,000001 Bq/m3.
La radioactivité en France
Pas de risque pour la santéDepuis plusieurs jours le directeur de l'Autorité de Sureté Nucléaire (autorité indépendante des politiques) et les scientifiques de l'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire) sont catégoriques : Il n'y aurait aucun risque, ni pour la santé, ni pour l'environnement, et il n'y aurait donc aucune mesure de protection particulière à prendre, même pour les enfants ou les nouveau-nés. Pour affirmer cela, ils ont fait des calculs basés sur l'estimation des rejets de la centrale de Fukushima depuis le début de l'accident, estimation corroborée par les prélèvements effectués depuis au Japon. Et avec les prévisionnistes météo, ils ont fait une simulation du trajet pris par les particules, qui est disponible sur les sites de l'IRSN (revoir le point sur la situation dans le journal de 13 heures du 22 mars.)
Des particules diluées sur la France mercredi ou jeudiLargement dispersées par les vents dans l'Océan Pacifique, ces particules font le tour de la planète dans l'Hémisphère Nord. Elles sont passées sur la Californie vendredi dernier, où les taux mesurés ont été qualifiés de "minuscules" par les autorités américaines. Après les Antilles hier, ces particules diluées dans l'atmosphère atteindront la Métropole mercredi ou jeudi. Mais ces particules seront en si faible quantité que le réseau d'alerte, constitué de balises qui analysent l'air en permanence et sont très sensibles, ne devrait même pas les détecter !
La qualité de l'air sera mesuréeLe scientifiques de l'IRSN procéderont donc à des prélèvements d'air qu'ils analyseront durant une semaine pour obtenir des résultats très précis de ce qui sera réellement passé dans notre pays. On peut également penser que ce sera aussi fait par des laboratoires indépendants comme la Criirad (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes
sur la Radioactivité), qui ne manqueront pas de nous communiquer leurs résultats dès qu'ils seront disponibles.
La radioactivité au Japon La zone préoccupante autour de la centraleIl y a ce que l'on sait déjà, et ce que l'on ne sait pas encore. Une partie des balises et détecteurs a été endommagée par le séisme ou le tsunami, et on n'a donc pas toutes les informations sur la quantité précise de rejets émis par la centrale. Mais des prélèvements sont effectués régulièrement, et on sait que pour le moment la situation est préoccupante localement, dans les 30km autour de la centrale, probablement jusqu'à 100 km.
Des denrées alimentaires contaminéesDes dépôts de particules se sont faits au sol, et on a déjà retrouvé des légumes et du lait contaminés. Les végétaux et les légumes à feuille sont en effet les premiers à être touchés, avant que cela passe dans la chaine alimentaire et touche gibier ou animaux d'élevage. Sans oublier le poisson, car on a déjà constaté une forte hausse de la radioactivité dans la mer à proximité de la centrale, avec des valeurs 100 fois supérieures à la norme. Il est certain que cette radioactivité sera un problème que les japonais auront à gérer durant des dizaines d'années.
Pas de protection particulière à TokyoEnfin à Tokyo, on a retrouvé des traces d'iode dans le réseau d'eau potable, cela vient probablement des châteaux d'eau, mais la concentration reste extrêmement faible et ne présenterait à ce jour pas de risque pour la santé. La radioactivité relevée par les balises de mesure (dans l'air) reste faible, et ne nécessiterait pas non plus de mesure particulière de protection des populations.
L'état de la centrale nucléaire de Fukushima
Une remise en route qui sera longueSur place, les techniciens, qui travaillent dans des conditions très préoccupantes pour leur santé, tentent depuis plusieurs jours de rétablir l'électricité pour remettre en marche les circuits de refroidissement des réacteurs et des piscines de combustibles usés. Mais les installations ont été endommagées par le tsunami, puis par les explosions d'hydrogène qui se sont produites dans différents bâtiments la semaine dernière. Sans compter que pour refroidir les réacteurs, et diminuer au plus les rejets de vapeur radioactive, ils ont été arrosés avec des tonnes d'eau de mer. Remettre les installations en route prend donc du temps.
Une centrale définitivement condamnéeDans trois réacteurs, une partie du combustible (uranium) a fondu, avec en plus dans le réacteur n°3 un combustible à base de plutonium, donc encore plus dangereux. Le but pour l'exploitant est de stabiliser la situation en maintenant un refroidissement de ces réacteurs, ainsi que des piscines de combustible usé. Mais cette centrale est définitivement condamnée, et la région alentour aussi. Mais il est encore trop tôt pour savoir dans quel périmètre précisément.
Mais des enceintes toujours étanchesEnfin ce qui est rassurant, c'est que les enceintes de confinement des réacteurs seraient toujours étanches, ce qui signifie que tant que l'on ne procède pas à des rejets de vapeur comme la semaine dernière pour relâcher la pression, la radioactivité ne s'en échappe plus et reste à l'intérieur de ces enceintes de confinement, comme cela s'est passé pour l'accident de Three Mile Island en 1979. Le combustible qui a fondu devrait donc rester définitivement à l'abri dans les cuves des réacteurs. Dans quelques semaines, les ingénieurs étudieront s'il est nécessaire de construire une nouvelle protection autour de la centrale ou pas
http://lci.tf1.fr/science/nouvelles-technologies/crise-nucleaire-au-japon-les-reponses-a-vos-questions-6325010.html

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