mercredi 12 octobre 2011

Entre décrets et plans de prévention, la lutte contre les algues vertes s'embourbe

Alors qu'un plan préventif de lutte contre les algues vertes a été lancé en fin de semaine dernière dans la baie de Saint-Brieuc, un décret qui pourrait favoriser leur développement a été signé mardi...
Un décret qui tombe mal. Mardi, le Premier ministre et les ministres de l'Agriculture et de l'Ecologie ont signé un décret qui, en rendant possible l’épandage de lisier sur de plus grandes surfaces, pourrait favoriser la prolifération des algues vertes. Pourtant, vendredi dernier, l’Etat, les agriculteurs et les collectivités locales lançaient le premier «plan préventif de lutte contre les algues vertes» en baie de Saint-Brieuc. L’objectif de ce plan est de réduire de plus de 2.000 tonnes par an la quantité de nitrates rejetée dans les cours d’eau. «Pour 2015, le tiers de cet objectif doit être atteint, soit une réduction de 700 tonnes d'azote», selon la préfecture de région.

Un plan «freiné par la FNSEA et l’agro-business»…

Pour atteindre ces objectifs, plusieurs mesures seront prises, en concertation entre les différents acteurs bretons, au premier rang desquels les agriculteurs: reconstitution des zones humides en prairie, augmentation des surfaces de culture fourragère pérenne pour limiter le ruissellement des eaux, optimisation de la fertilisation azotée… «Sur les principaux points sur lesquels le comité scientifique avait émis des réserves, nous avons trouvé des solutions», a expliqué le préfet de la région Bretagne, Michel Cadot, soulignant que «les objectifs ont été chiffrés». Des diagnostics individuels dans les exploitations permettront d’évaluer les efforts faits par les éleveurs.
Mais l’association Eau et rivières de Bretagne reproche déjà au plan de prévention de ne pas être assez rapide ni assez ambitieux. «Il a été freiné par la FNSEA et l’agro-business, déclare Jean-François Piquot, porte-parole de l’association bretonne, à 20 Minutes. Le plan de la baie de Saint-Brieuc ne change rien au système alors qu’il faut réorienter l’agriculture bretonne: la Bretagne, c’est 60% des cochons, 45% des volailles et 30% des vaches laitières françaises sur seulement 6% de la surface agricole. Il faut impérativement réduire le cheptel.»

Et un décret «pour ne rien changer»

Quant au décret signé mardi, il est «incompréhensible» pour Eau et Rivières de Bretagne: alors que tous les plans de lutte visent à réduire la quantité de nitrates dans les baies bretonnes, le gouvernement vient d’autoriser les éleveurs à épandre le lisier sur de plus grandes surfaces. Jean-François Piquot pense que ce décret a été pris pour répondre à la directive européenne sur les nitrates, avec laquelle la France était «en précontentieux: les rejets d’azote déclarés par la France étaient sous-estimés et tout le monde le savait. La Commission européenne a donc demandé à la France de baser ses calculs de rejets de nitrate sur 100kg d’azote par vache et par an, et non plus 85kg. Or, on n’a le droit d’épandre que 170kg d’azote par hectare. Donc pour ne rien changer, on a augmenté la surface sur laquelle on peut épandre.»
Le problème reste donc entier: que faire de ces excès de nitrates qui polluent les eaux souterraines et de surface en Bretagne? Pour Eau et Rivières de Bretagne, il faut revoir toute l’agriculture bretonne en favorisant les systèmes herbagés pour les vaches et en réorientant les élevages vers une production à plus forte valeur ajoutée. «Au lieu de répondre aux desiderata de l’agro-business et de faire des produits basiques, on devrait augmenter la valeur ajoutée agricole, notamment en faisant plus de bio.» D’autre part, les systèmes herbagés pourraient bénéficier d’une dérogation de l’Union européenne: «Une vache qui broute produit plus d’azote, mais la prairie l’absorbe, explique Jean-François Piquot. Dans d’autres pays, l’Europe a accordé des dérogations pour ces élevages
http://www.20minutes.fr/article/803860/entre-decrets-plans-prevention-lutte-contre-algues-vertes-embourbe

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