mardi 7 février 2012

Méthanisation: Le Syctom veut rassurer les habitants de Romainville

Les riverains contestent depuis plusieurs mois le projet d'usine de méthanisation à Romainville, en Seine-Saint-Denis. Le Syctom, en charge de la gestion des déchets, organisait mercredi soir une réunion d'information pour déminer le terrain...
Vivre au milieu des mouches dans une odeur nauséabonde: on peut comprendre que les riverains de la future usine de méthanisation soient effrayés par les expériences désastreuses de méthanisation des déchets, notamment celle de l’usine de Montpellier. Alors que des tracts et des réunions s’organisent depuis plusieurs mois à Romainville (Seine-Saint-Denis) et Bobigny, le Syctom, l’agence métropolitaine des déchets ménagers, ne fait pas marche arrière et organisait mercredi soir une réunion d’information sur ce sujet explosif.
>> Tout comprendre sur le projet de méthanisation, par ici.
François Dagnaud, président du Syctom, est catégorique: «On ne fera pas l’économie d’un centre de traitement des déchets ménagers de 900.000 habitants sur 22 communes». Prévue à l’horizon 2015, l’usine de méthanisation sera donc bien construite par l’entreprise espagnole Urbaser, qui a apporté «des réponses positives» à la mise en demeure que lui avait adressé le Syctom en décembre: «Urbaser s’engage à respecter intégralement le contrat conclu, assure François Dagnaud. Le projet atteindra les performances environnementales exigées, avec la production de 80.000 tonnes de compost de qualité et de biogaz qui permettrait de chauffer 6.800 logements, sans renchérir le coût du projet.»

«Chantage» et «irresponsabilité» des opposants au projet

Mais face à la volonté du Syctom, une solide opposition s’est formée dans le 93: l’association Arivem milite depuis plusieurs mois pour dénoncer les nuisances que causerait l’usine de méthanisation. «Chantage» et «irresponsabilité», dénonce François Dagnaud, visiblement remonté contre «des peurs brandies par des groupes d’intérêts aux motivations diverses». Il cite notamment un «groupe de patrons d’entreprises locales» qui craindrait un «effondrement de l’immobilier» près de l’usine. Quant à l’étude commandée par l’Arivem pour démontrer la dangerosité du projet, François Dagnaud la juge biaisée: «Le bureau d’études Horizons est clairement militant et conteste systématiquement toute forme de traitement des déchets».

Répondre aux inquiétudes des riverains

Mieux vaut tard que jamais, le Syctom a décidé de s’engager dans une phase de «dialogue» avec les habitants. «Nous prenons pleinement en compte les inquiétudes et interrogations légitimes, affirme François Dagnaud. Il n’est pas question de mettre en danger qui que ce soit.» Pour apaiser les tensions, le Syctom a présenté aux riverains de nouveaux «engagements», notamment le lancement d’un audit supplémentaire sur la sûreté du futur centre et l’absence de nuisances: «La construction ne démarrera que quand les conclusions de cet audit seront rendues publiques et que les éventuelles recommandations auront été intégrées», rassure le président du Syctom.
Une étude sur le «gisement de biodéchets et la faisabilité d’une collecte séparative» sera aussi mise en œuvre. «En 2006, personne ne posait la question des collectes séparatives, reconnaît le Syctom. Il s’agirait pour les ménages d’isoler la matière organique, or si on peut penser que dans un pavillon on atteindra un taux de tri efficace, en habitat collectif c’est beaucoup plus difficile. Il resterait trop de déchets à traiter.» Sous la pression des réglementations européennes et des lois françaises sur la gestion des déchets, le Syctom a donc opté pour la solution plus rapide, mais dont l’efficacité est moins évidente: «Le tri mécano-biologique (TMB) est la façon la plus évidente d’amorcer la pompe de la méthanisation avant que des collectes sélectives soient mises en place», reconnaît François Dagnaud.

Compost, cogénération, gaz naturel… Des débouchés qui restent à trouver

Avec cette méthode, tous les déchets sont triés pour en extraire uniquement la partie méthanisable (déchets alimentaires, végétaux,…). Résultat, la fraction qui partira à la décharge ou à l’incinération représentera 80.000 tonnes de déchets, soit 25% du tonnage collecté. Le reste sera, si tout se passe comme prévu, valorisé en compost pour l’agriculture. Urbaser, l’exploitant de l’usine, est chargé de trouver les débouchés. Quant au biogaz, c’est le Syctom qui doit lui trouver une destination: «On peut avoir de la cogénération électricité et chauffage urbain, nous avons sollicité les communes voisines pour installer des réseaux de chaleur, expliquent les responsables du projet. On pourrait aussi le réinjecter dans le réseau de gaz naturel.»
François Dagnaud, lui, demande instamment une «clarification et une stabilisation des règles de traitement des déchets en Europe et en France», histoire de ne plus se trouver au pied d’un mur de déchets obligeant le Syctom à mettre en œuvre des solutions controversées dont les résultats seront surveillés de très près par les riverains.
http://www.20minutes.fr/article/871584/methanisation-syctom-veut-rassurer-habitants-romainville

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